Histoire de Nantes
Nantes, capitale historique de la Bretagne, dont le rayonnement s’étend aujourd’hui sur l’ensemble du grand ouest de la France, est l’héritière d’une longue histoire, alternance de périodes glorieuses et de périodes bien plus sombres. Une histoire dont les traces sont encore visibles dans la ville d’aujourd’hui.
Nantes aux origines
D’après l’historien grec Polybe, la première installation humaine dans la région nantaise remonte à une période située entre 900 et 600 ans avant JC. Un port fluvial nommé Corbilo se dresse alors au confluent de la Loire, de l’Erdre et de la Sèvre Nantaise, à l’endroit où la Loire se marie avec l’océan. Après une première occupation des celtes, le peuple gaulois des Namnètes fait de Nantes sa capitale. Soumise à César, la ville est rebaptisée Portus Namnetus. Christianisée au IIIème siècle, la ville subit à cette période les invasions des Saxons puis des Francs. Chassés des îles britanniques par les Anglais et les Saxons, les Bretons arrivent à Nantes aux Vème et VIème siècles.
Nantes et le duché de Bretagne
Les nantais subissent les pillages des Normands qui remontent le cours de la Loire pour attaquer la ville. En 937, Alain Barbe-Torte chasse les Normands et fonde le Duché de Bretagne, dont Nantes devient la capitale. D’abord installés Place du Bouffay, les ducs érigent au XIIIème siècle le Château des Ducs de Bretagne. Capitale politique influente, Nantes étend son pouvoir économique avec le commerce du blé, du sel de Guérande et des vins de Loire. Cette Bretagne prospère attire les convoitises du voisin français. Suivront des siècles de luttes incessantes avec les rois de France, en particulier la Guerre de Succession. Les derniers ducs de Bretagne mènent au XVème siècle une politique d’équilibre entre l’Angleterre et la France. C’est l’âge d’or de la Bretagne et de Nantes, sa capitale. Louis XI décide alors d’annexer la Bretagne à la Couronne de France. Malgré la résistance du duc François II, l’armée française défait l’armée bretonne en 1488 à Saint-Aubin-du-Cormier. En 1491, le roi de France Charles VIII rentre dans Nantes en vainqueur des bretons et épouse Anne de Bretagne, fille du duc François II. Après la mort accidentelle de Charles VIII en 1498, Anne de Bretagne épouse Louis XII, nouveau roi de France. En 1532, le Traité de rattachement de la Bretagne à la France marque la fin de l’indépendance de la Bretagne.
Nantes et le commerce triangulaire
Du XIVème au XVIIème siècle, les échanges commerciaux avec l’Espagne, le Portugal, la Hollande, permettent le développement du port de Nantes. Mais c’est au XVIIIème siècle que Nantes devient le premier port de France, grâce au commerce triangulaire, aussi connu sous le nom de Traite des Noirs. Des navires partent de Nantes (Paimboeuf précisément) vers l’Afrique et achètent des hommes et femmes dans des villages africains en échange de diverses marchandises. Ces hommes et femmes sont ensuite convoyés dans des conditions inhumaines vers les Antilles, où ils sont vendus en tant qu’esclaves dans les plantations. Les navires reviennent alors vers Nantes, chargés de sucre, de café, de coton, de tabac, … On parle alors de « Route du Bois d’Ebène ». Au XVIIIème siècle, la moitié du commerce négrier français est assuré par Nantes (le reste étant assuré essentiellement par les ports de Bordeaux et de La Rochelle). Cette prospérité permet l’émergence d’une bourgeoisie nantaise, constituée d’armateurs, d’industriels, de commerçants, qui étalent leur richesse en construisant les hôtels particuliers qu’on peut encore aujourd’hui admirer dans le quartier Graslin, sur le Quai de la Fosse ou sur l’île Feydeau (qui était effectivement une île à l’époque !). De cette période datent également les grandes raffineries à sucre nantaises. C’est donc en partie grâce à l’esclavage que Nantes s’est enrichie, un poids lourd à porter pour les nantais qui ont longtemps eu du mal à assumer ce lourd héritage.
Nantes sous la Révolution Française
Dans une région (Anjou – Vendée – Bretagne) peu favorable à la Révolution, Nantes accueille pourtant favorablement les idées de la Révolution. L’influence de la bourgeoisie nantaise, ambitieuse et souffrant des contraintes douanières, y est sans doute pour beaucoup. Nantes résiste en 1793 aux assauts des armées royales de Charette et Cathelineau, Cathelineau étant même mortellement blessé place Viarme pendant les combats. Cette poche bleue en pays blanc empêchera la jonction des Chouans de Vendée et de Bretagne à plusieurs reprises. Mais Nantes va souffrir terriblement pendant la Terreur : Nantes, la girondine, s’oppose à la convention montagnarde. Le réprésentant du peuple, Jean-Baptiste Carrier, est alors envoyé à Nantes pour procéder à un nettoyage du corps politique nantais … Arrivé en octobre 1793, Carrier met en place une police parallèle qui procède à des exécutions sommaires. La guillotine ne suffisant plus, Carrier invente une nouvelle méthode d’exécution : les condamnés sont ligotés et placés dans un bateau dont le fond s’ouvre au milieu du fleuve … La Loire prend alors le surnom de « Baignoire Nationale ». Face aux plaintes des nantais, Carrier est rappelé à Paris en février 1794 puis exécuté peu après. On estime que sa répression a fait 14 000 victimes pour quelques mois de présence !
Nantes au XIXème siècle
L’abolition de l’esclavage, l’invention de la fabrication du sucre à partir de betteraves, le développement du chemin de fer et l’ensablement de la Loire handicapent le développement économique de Nantes. La ville se reconvertit alors vers la conserverie, la biscuiterie (la Biscuiterie Nantaise et Lefèvre-Utile), la métallurgie et la construction navale. Hormis la construction navale, ces industries restent encore des moteurs de l’économie nantaise. Nantes est même (déjà) la première ville française à se doter d’un réseau de tramway.
Nantes au XXème siècle
La première moitié du XXème siècle est témoin d’une transformation importante du visage de Nantes. Confrontée à l’ensablement du bras principal de la Loire, à des difficultés de circulation, à l’insalubrité, la ville décide de combler à partir de 1923 certains bras de la Loire et le cours inférieur de l’Erdre. Difficile d’imaginer aujourd’hui que l’Erdre a coulé à la place du Cours des Cinquante Otages, que le château des Ducs de Bretagne avait les pieds dans la Loire, que l’île Feydeau ou l’île Gloriette ont effectivement été des îles entourées d’eau ! Ces travaux ont sans doute enlevé une partie du charme de Nantes, longtemps surnommée « Venise de l’Ouest ».
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, la ville subit les bombardements alliés à 28 reprises ! Les plus importants, les 16 et 23 septembre 1943, détruisent le centre-ville et font de nombreux morts. La ville est également profondément marquée par l’affaire des Cinquante Otages. En représailles à l’assassinat du Feldkommandant de la ville par 3 résistants communistes, 48 ôtages sont fusillés par les allemands à Nantes et Chateaubriant. Une des principales artères de Nantes rend hommage à ce triste épisode. En hommage à ce sacrifice, la ville a reçu la distinction de Compagnon de la Libération.
A partir des années 60, des crises touchent de plein fouet les industries nantaises. La fermeture des chantiers navals Dubigeon dans les années 80 et le déménagement des usines LU dans la périphérie nantaise, marquent le point final de cette reconversion. Nantes s’oriente alors vers une économie tertiaire, soigne son image et engage des travaux importants qui transforment la ville (nouveau tramway, reconversion de l’île de Nantes). Aujourd’hui Nantes attire de nombreux nouveaux habitants, attirés par la qualité de vie offerte par la région. La Nantes endormie des années 80 semble bien lointaine !